- 1912 -

- Louis Salmon au Moyen-Orient -

- Le 5 janvier 1912 : à son Frère. J'ai parfaitement terminé l'année et bien commencé la nouvelle.
A Noël, j'ai passé la soirée chez les R; puis nous avons réveilloné après avoir été à la messe de minuit.
Le 1er janvier, je suis allé à la réception de l'ambassadeur où il y avait beaucoup de monde. On a bu le Champagne. Puis, après avoir déjeuné au Consulat, j'ai passé ma journée en visites, absorbant pas mal de petits verres de liqueur et de bombons dans chaque salon, si bien que le soir, j'étais fatigué et que j'avais la bouche légèrement empâtée. C'est la corvée traditionnelle du 1er janvier ici.
Mardi soir, je suis allé à une réception chez des amis des R qui avaient manifesté le désir de me voir fréquenter chez eux. On s'est fort bien amusé.

Comme je le pensais bien, je n'ai pas eu d'augmentation, mais j'ai reçu 2 livres de plus que mon mois double. Je ne suis pas retourné à la chasse, mais je pense y aller un dimanche où il y aura de la neige.

- Le 3 février 1912 : La guerre est toujours dans le même état et la paix n'est pas du tout envisagée. Les Turcs ne sont pas prêts de céder. Les affaires n'en souffrent pas trop heureusement. La Chambre a été démontée et la lutte électorale commence.

- Le 26 février 1912 : Samedi après midi, le bruit a commencé à se répandre ici du bombardement de Beyrouth. La bourse a subi un fort recul. On a fort causé de ce bombardement, mais somme toute, cette action est bien loin d'émotionner les Turcs. Ils restent comme toujours d'une indifférence extraordinaire. "Ils veulent bombarder" disent-ils "Hé bien, puis après à quoi cela les amènera-t-il". Voilà le fond de leur raisonnement. Ici tout est calme et marche comme d'habitude. On parle seulement de l'expulsion possible des Italiens.

- Le 3 mai 1912 : à son frère. Il lui annonce qu'il va repartir à Fatsa avec l'ingénieur Anglais de l'an passé, qui vient d'arriver.

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Le 8 mai 1912 : de Samsoun, à son frère.
Je suis toujours ici et je pense rentrer la semaine prochaine à Constantinople.
Comme distraction, il n'y a ici qu'un cinématographe. Pas de quai, ni de port, pas de café ni de promenade, rien ! C'est une ville de 40 000 habitants environ très importante, qui sera tête de ligne d'un chemin de fer que l'on a commencé il y a quelques mois. La principale richesse du pays est le tabac de Bafra. La région exporte environ 1 million 1/2 de livres turcs de tabac et 250 000 livres turcs d'oeufs. C'est une ville d'avenir et notre nouvelle succursale promet bien. Je vais rester ici 3 semaines et 2 jours.

- Le 18 mai 1912 : Le voyage de retour a été dificille, à cause de la pénurie de bateaux résultant de la fermeture des Dardanelles. La semaine dernière, nous avons fait trois jours à cheval.
J'arriverai à Constantinople le 27 mai après une belle traversée. Ce Jour là, le magasin étant fermé, je passerai l'après midi avec l'ingénieur Anglais qui a une très bonne opinion de la mine et il y a des chances de réussite.

- Le 30 mai 1912 : Louis vient d'obtenir son affectation militaire au 46e RI à Fontainebleau. Quand il va revenir à sa prochaine période, il sera près de ses parents.
Les Italiens sont expulsés de Turquie et il en part chaque jour. Le délai expire dans 6 jours. On se demande vraiment comment cette guerre va se terminer. Les affaires sont très calmes.

Dans les lettres de cette période de 1912, il est question du remariage de son frère Alfred, qui insiste pour qu'il vienne en France, à Sens où le mariage doit avoir lieu. Mr. Back est absent et c'est lui qui le remplace, il ne peut donc pas s'absenter.

- Le 10 juillet 1912 : lettre à son frère. A l'heure actuelle, 3 h du soir, il est 1 h chez vous, et je suppose que vous êtes à table en train de fêter l'heureux événement. Je pense bien à toi et à la nouvelle madame Salmon.

J'attends avec grande impatience le jour de mon départ. Je pense m'embarquer dans 15 jours et être à Marseille le 29. J'ai l'intention de visiter les villes d'Arles, Avignon, et Lyon.


- Le 3 septembre 1912. lettre à son frère. Il écrit de Montargis :
J'ai quitté l'île d'Yeu le 31 août à 4 heures 45 pour arriver le soir à Champagne à 22 heures 30 après un voyage assez bon malgré la foule (veille de l'ouverture de la chasse) et la difficulté :
1°) d'arriver à attraper la correspondance à Challans, l'expédition des bagages à Fromantine étant toujours très lente. J'ai du embarquer une quinzaine de vélos et des malles et promettre un litre au mécanicien si l'on arrivait à temps.
2°) A Thouars, 5 minutes d'arrêt pendant lesquelles on annonce qu'il est interdit de monter dans les 2 rapides pour Paris ceux-ci étant complets. Je réussis cependant à me faufiler et à monter dans un de ces trains qui me mit à Paris à 18 h 23.
3°) Dîner chez Laverne avec Le Valois ; pendant ce temps là, j'envoyais un groom chercher mes bagages qu'il me rapporta juste à 20 h 45. Mon train partant à 20 h 55 de la gare de Lyon, je sautais dans une auto qui m'amena à la gare en 10 minutes, et j'attrapais mon train grâce à un retard de 3 minutes. Je n'eus pas le temps de prendre de billet. .
J'ai passé la journée de dimanche à Champagne préparant mes affaires.
Le lundi à 8 h, je me présentai au 46e où l'on m'annonça que je devais immédiatement me mettre en route pour Montargis étant affecté au 82e pour faire les manoeuvres. On aurait bien pu me convoquer à Montargis. Bref, je passais la journée à Fontainebleau. Déjeuner chez Mme. Portais

Petit père étant parti de l'île d'Yeu dimanche pour arriver hier soir, je suis rentré à Champagne par Melun, où je l'ai rencontré à sa grande surprise. Nous avons dîner à Champagne, j'y ai couché et ce matin il m'a conduit en auto à Moret pour prendre le train qui m'a déposé ici à 10 heures 30.
J'ai vu le Colonel : charmant. Idem mon Capitaine ; puis les 2 Lieutenants de ma Cie. dont un Sous Lieutenant de réserve faisant ses 6 mois d'active. Tous les 2 très aimables. Cette période s'annonce bien.
Il y a 2 autres Sous Lieutenant du 46e dans mon cas mais je ne les ai pas encore vus.
Donc aujourd'hui travail néant. Demain idem, si cela continue ce sera bien.
Demain 10 volontaires du 82e partent pour le Maroc. On doit leur présenter le drapeau et ils seront conduits à la gare en musique.
Nous partons le 5 à 3 h du matin en train pour un endroit à 15 km au sud d'Orléans. Nous sommes affectés aux manoeuvres d'Armée de l'ouest.

- Le 6 septembre 1912 : de Villefranche sur Cher, suite. Nous sommes partis de Salbris ce matin à 5 heures 30 pour 30 km de marche par beau temps, pas trot chaud et sommes arrivés ici à 14 heures 15. Nous repartons demain pour 28 km.Tout va bien je ne suis pas fatigué. Les hommes sont cantonnés, mais jusqu'à présent, tous les officiers ont eu un billet de logement. J'ai été très bien logé. Nous sommes en popote et c'est nous qui nourrissons le commandant et le capitaine adjudant-major.

- Le 12 septembre 1912. de Cussay, suite. Nous sommes en réserve depuis 3 heures dans une cour. Nous avons fait 4 jours de suite de la marche de concentration. Avant hier, repos ; hier départ à 2 h, aujourd'hui à 3 h. Depuis notre départ nous avons parcouru 200 km.ce qui est déjà très joli. Nous sommes division de réserve, nous n'avons pas encore vu l'ennemi, si ce n'est un dirigeable et 3 aéroplanes. Nous sommes actuellement à Cussay. Hier matin, commencement des opérations, nous étions à St. Senoch (I&L). Nous sommes passés par Lignères, La Harp Des cartes, Danges, Dangé, Seigné. Notre ligne (2 corps d'armée, plus 1 division coloniale) s'étend de Chinon à Poitiers. L'autre armée, les bleus est sur Saumur, Touars, Parthenay.
Je pense que l'opération principale aura lieu vers Loudun. Nous commençons à en avoir plein les jambes et il y a pas mal de traînards. Heureusement, il ne pleut pas, beau temps frais. Jusqu'à présent j'ai toujours trouvé un lit, mais peu de temps pour dormir. Nous avons encore 1 jour de manoeuvre, 1 jour de repos et 3 autres jours.

- Le 30 octobre 1912 : Je suis arrivé à Constantinople le 22 à 11 heures 30, après un voyage de 6 jours et par un temps merveilleux. La situation ici n'est pas brillante. Ne craignez rien pour moi, s'il arrivait quelque chose, je prendrais mes dispositions pour traverser la tourmente sans danger.

Je pensais trouver une ville en pleine mobilisation, surexcitée et désordonnée. Il était trop tard, les manifestations étaient déjà terminées et le gros des troupes parti. Cependant les troupes continuent à s'embarquer et le mouvement semble ralenti seulement depuis hier. Tous les chevaux ont été réquisitionnés, le service des tramways est suspendu et les fiacres sont rares.
Nous sommes ,naturellement, privés de nouvelles et les dépêches officielles Turques annonçant des victoires Ottomanes ne suffisent pas à tromper la population. On commence à se rendre compte que cela ne va pas du tout. Tu seras mieux renseigné par l'Echo que nous ici. Tout ce que nous savons, nous l'apprenons par les journaux Européens.
Les Turcs essayent de bluffer, mais cela ne prend pas. Ils sont bousculés de tous côtés, aussi bien en Macédoine qu'en Romélie. Les alliés avancent sur toutes les lignes et Salonique me semble être en mauvaise posture. Dimanche, on a publié que les Turcs s'étaient rétablis à Kirk-Klissi, or les journaux d'aujourd'hui annoncent qu'une bataille est engagée entre Luli Burgos et Viza, il en ressort certainement que cette reprise de Kirk-Klissi n'est qu'une blague. Ce soir j'ai appris, par l'ambassade que les Bulgares ont même dépassé Luli Bouyas et qu'ils sont déjà à Tchataldja, à environ 150 km d'ici. Les Turcs reculent leur quartier général tous les jours. Le départ des attachés militaires était retardé de jour en jour. C'était décidé pour hier et je les ai vus devant la gare. On a encore trouvé le moyen de le retarder jusqu'à aujourd'hui. C'est probablement qu'on ne tient pas à ce qu'ils soient témoins de la confusion qui règne dans l'armée Turque. D'après des renseignements de bonne source, il parait que l'armée Ottomane est en dessous de tout; ils n'ont pas de service d'intendance et ils n'ont rien à manger.
Je crois que cela ne va pas durer bien longtemps, car les Bulgares n'ont pas l'air de leur laisser beaucoup de répit. Ici cela sent la défaite et tous sont silencieux. L'état de siège est renforcé, on ne peut pas circuler dans les rues de Stanbul après 10 h du soir et à Péra après 1 h du matin. Il y a plusieurs convois de blessés arrivés ici. Nous n'avons plus que 3 courriers par semaine par la voie de Constanza. Les affaires sont très calmes. Bref, c'est l'anarchie la plus complète et un désordre d'où il ne semble pas qu'ils puissent se sortir.
Nous venons encore de changer de grand Vizir, et Kianul Pacha est revenu au pouvoir. Ce n'est pas un homme du comité "Union et Progrès" et on prétend qu'il aurait beaucoup d'ennemis politiques. Où allons nous ? je n'en sais rien et il n'est pas possible de le savoir actuellement.

- Le 4 novembre 1912, 17 h : Les journaux Européens exagèrent un peu les choses, je ne pense pas qu'il y ai danger pour nous.
Les Turcs sont refoulés et ne sont plus qu'à 50 km de la ville. Les convois de blessés arrivent ici journellement en masse. Les soldats meurent presque de faim. On suppose que cela ne va pas durer et l'on attend l'intervention des puissances pour en finir. Il est impossible d'avoir des tuyaux certains ici.
- 22 heures : Les nouvelles sont de plus en plus mauvaises pour les Turcs. On a appris au consulat que l'état major général Turc a été fait prisonnier, ce qui demande confirmation. Le Sultan vient enfin de donner l'iradi autorisant les flottes Européennes à entrer ; il paraît que les croiseurs Français, Anglais, Allemands et Autrichiens seront ici demain matin. Ceci calmera les esprits. Ce soir, de la terrasse du Consulat j'ai entendu des coups de canon très lointains.
Ce que l'on redoute ici, c'est de voir accourir les troupes Turcs repoussées en désordre et se livrer au pillage pour calmer leur faim.

- Le 5 novembre 1912, 9 h : Rien de nouveau depuis hier soir. On attend les croiseurs cet après midi. J'ai lu les 3 derniers numéros du Temps qui parle de troubles à Constantinople. Cela est faux et il n'y a rien d'autre aujourd'hui.

- Le 7 novembre 1912 : à son frère. Il paraît que les Bulgares soufflent un peu avant l'attaque des positions de Tchataldja qui sont les derniers forts protégeant la capitale. Ils auront certainement du fil à retordre pour les enlever, mais après ce que l'on a vu jusqu'à présent, on peut être assuré qu'ils y arriverons. Ce sera alors l'entrée en ville des troupes Bulgares et les puissances Européennes n'ont pas l'air de vouloir s'y opposer. Nous avons 4 croiseurs dans le port. Le "Léon Gambetta" est entré ce matin, de ma fenêtre, je l'ai vu tirer sa salve. La présence de ces navires impressionne la population et calme les esprits. On en attend d'autres.
Hier matin est arrivée la nouvelle de la prise de Salonique, mais on ne la publie pas encore.
Le déroute de l'armée Turque est incroyable, et les attachés militaires qui viennent de rentrer disent que c'est une chose horrible qui dépasse tout ce que l'on peut imaginer. C'est une débâcle complète. Les cadavres couvrent littéralement les champs de bataille et les routes. Le service sanitaire du côté Turc est très mal organisé et les blessés meurent tous sur place, à moins qu'ils ne le soient que très légèrement pour pouvoir fuir.
Bien que dans les journaux Européens on parle de massacres, je ne crois pas qu'il y en ait ici, et, du reste nous serons protégés par les croiseurs.

- Le 9 novembre 1912 : à son frère. On attend les événements et toutes les dispositions sont prises pour y résister. Les bâtiments de guerre sont déjà au nombre de 13 dans la rade ; 2 français "le Victor Hugo" et le "Gambetta" ; 2 Russes, 2 Allemands, 2 Autrichiens, 2 Anglais, 2 Italiens, 1 Roumain ; on attend encore 1 Espagnol, 1 Hollandais et 2 Américains. Toute cette flotte est sous les ordres du vice-amiral Dartige du Fournet dont le pavillon est sur le Léon Gambetta. Les commandants de ces vaisseaux se sont déjà concertés sur les dispositifs éventuels de combat. Les attachés militaires sont partis en auto pour le "front" et à la moindre alerte ils viendront immédiatement prévenir; c'est alors que le débarquement aura lieu. Les ambassades sont déjà garnies de postes de marins. On ne sais pas ce qui peut se produire mais on envisage le pire de façon à ne pas être pris au dépourvu.

Dimanche, avec 2 jeunes gens du consulat, je suis allé à bord du Léon Gambetta dont la visite m'a fort intéressé ; on nous a tout montré en détail. C'est un superbe bâtiment et le Victor Hugo est du même type. ce sont les 2 bateaux les plus jolis de tous ceux réunis ici. La musique joue à bord toute la journée. J'ai v u le poste de télégraphie sans fil où l'on m'a montré la dépêche reçue la veille, de la tour Eiffel, annonçant la capitulation de Salonique.
Les émigrés continuent d'affluer vers la capitale ; on les embarque tous pour l'Asie. Ils ont aussi avec eux le célèbre choléra dont la ville était débarrassé depuis 1 an. Les blessés l'ont également et il est probable que cette épidémie va prendre de grandes proportions, vue la désorganisation complète de tous les services. Je ne bois plus d'eau et je fais bouillir celle qui sert à ma toilette.
La variole sévit également, je fus vacciné en juin sans succès, je vais recommencer. Le typhus règne également. Bref, tous les fléaux semblent s'être donnés rendez-vous ici.
Toujours pas de nouvelles du front, je suppose que cela doit continuer à mal aller pour les Turcs.
Les journaux de l'étranger exagèrent toujours les choses, ainsi, le Mein Frei Presse de Vienne, arrivé hier, dit que Galata est en flammes et que les Kurdes massacrent, c'est tout à fait faux.

- Le 16 novembre 1912 : à son frère. Les hostilités ont l'air de subir un arrêt et l'on parle beaucoup de paix. Les pourparlers sont engagés et l'on s'attend à voir cette guerre se terminer bientôt. Maintenant le 2e acte va commencer et toutes les hypothèses sont à envisager. Il est question d'internationaliser Constantinople. En attendant les événements, toutes les précautions sont prises. Il paraît que les bateaux de guerre ont déjà débarqué de l'artillerie dans leurs ambassades.

Nous avons reçu ordre d'Orosdi, d'accord avec Poincaré, de nous mettre en rapport avec l'ambassade pour nous entendre au sujet de la protection de notre magasin. Aujourd'hui nous expédions 7 caisses contenant notre comptabilité à bord du Léon Gambetta. Il y a un paquebot Français dans le port dans le cas où l'on aurait à embarquer la colonie. La ville est toujours calme et nous attendons la suite des événements.

- Le 26 novembre 1912 : à son frère. Les pourparler continuent pour un armistice. Les bulgares se sont retirés de quelques kilomètres pour éviter la contagion. Les soldats cholériques sont isolés à 30 kilomètres d'ici, de sorte que la ville n'ai rien à craindre. Il n'y a que très peu de cas ici,certainemnt moins que l'an dernier.Il n'y a pas de danger pour l'instant et aucune nécessité pour moi de partir.
Tout est calme ici et il n'y aura certainement pas de troubles.
La tension entre la Serbie et l'Autriche semble s'accentuer, cette dernière mobilise. Ses 2 croiseurs stationnés ici ont réembarqué leurs marins et sont partis.
Samedi soir j'ai diné à bord du "Victor Hugo" avec les 2 fils Reboul et 2 autres Français. Réception charmante, très bon repas et champagne. J'y suis retourné dimanche prendre le thé et, demain je dois y aller faire ma visite de digestion. Les officiers sont tous très aimables. Vous voyez que nous sommes loin de nous faire de la bile. Tout est très calme et l'on ne craint rien.
Nous sommes toujours sans nouvelles exactes du front. On dit que les Bulgares et les Grecs combinent une attaque des Dardanelles.

1911 - 1912 - 1913