- LA JEUNESSE -

Louis Salmon est né à Sourdeval la Barre (Manche) le 5 décembre 1883. Son Père d'origine belge est naturalisé français, sa Mère est française, il a un frère aîné Alfred et une soeur cadette Claire.

Il n'y a aucune trace de l'enfance de Louis, il a fait des études sans doute au Lycée Louis le Grand comme son frère. Il semble doué pour les langues étrangères, il en parlera sept à la fin de sa vie. La famille a habité l'île d'Yeu et Champagne sur Seine et probablement Paris quand son père était aux Etablissements Orosdi Back.
Sa première lettre est datée du 7 octobre 1901, à Manchester, l'année de ses 18 ans. Il est en stage aux Établissements Orosdi Back (EOB). Il parle déjà couramment l'anglais et dans une lettre à son père il explique la tournure de phrase à donner pour la traduction d'une formule de politesse, et comment libellé une adresse.

- De juin à septembre 1904 : il est en Allemagne, dans une fabrique de Gomme à Harbourg, en stage pour perfectionner son allemand, car, en plus de son travail, il va trois fois par semaine chez un professeur. Son frère Alfred vient le rejoindre pendant des congés, il décrit son voyage dans une longue lettre et explique comment il organise son séjour. Ils sortirons ensemble, particulièrement à Hambourg, ils rencontrent des connaissances de Louis et jouent au tennis avec de ses amis. Ils vont également au concert et au cours d'allemand.
Louis étant en congé, il y est fortement question d'une excursion pour laquelle ils n'ont pas l'accord des parents; Alfred demande d'en faire au moins une partie : aller visiter Berlin.
Louis de son côté écrit pour obtenir cette permission. Ils obtiendront gain de cause et reviendront enchanté de leur voyage que Louis décrit dans une lettre du 24 juin reprise par Alfred qui rend compte du détail de leurs dépenses et réclame de quoi les payer.

- Début juillet : ils seront à Hambourg et auront l'occasion de voir le roi d'Angleterre en voyage officiel en Allemagne. Ils réclament encore les gros sous qui n'arrivent toujours pas.

Voilà des jeunes gens de 21 et 23 ans qui, lâchés dans la nature, sont encore sous la coupe de leurs parents à qui ils rendent compte de leur faits et gestes dans des lettres où l'on constate l'amour filiale qu'ils ont pour leur petite mère et leur petit père comme ils les appellent.
Dans une lettre du 7 septembre 1904, Louis qui est toujours en Allemagne raconte qu'avec trois amis, il a assisté et accompagné des manoeuvres de l'armée allemande, ce qui l'a beaucoup intéressé. Le lendemain avec un ami il est allé à Altona, près d'Hambourg, où il y avait une grande revue militaire passée par l'empereur. Il n'ont pas pu y assister, les places qui étaient déjà vendues depuis des semaines étaient trop cher. Ils n'ont donc vu que le retour des troupes. Il y avait une foule énorme à Hambourg et tout était en fête. Ils ont fini la journée à faire de la voile sur le lac d'Hambourg après y avoir déjeuné.

Il annonce sa rentrée pour la fin octobre et propose de passer par la Hollande et la Belgique pour pouvoir rendre visite aux parents de Liège. Comme dans chaque lettre, il réclame de l'argent pour payer ses leçons d'allemand, 16 Marks et ses impôts, 6 Marks, il faudra arrondir la somme car il est invité au bal d'un club de tennis avec ses amis et il ne peux refuser d'y aller.

A la même époque, Alfred rend compte à son père d'un entretien avec un ami concernant le service militaire de Louis qui sera de trois ans. Il pense que le mieux pour lui serait d'abord de partir dans l'infanterie puis ensuite d'entrer dans les bureaux d'état major, si possible, ses connaissance de l'anglais, de l'allemand et même de la machine à écrire seraient un bon point pour lui.

- En février 1905 : Louis fait son service militaire à Pithiviers (Loiret). Je connais cette ville pour y avoir habité de septembre 1946 à novembre 1956. J'y ai connu mon épouse et mes trois premiers enfants y sont nés, à l'époque je n'avais pas en main les documents qui sont à la base de mon récit, je me souviens bien de la caserne qui dans ces années hébergeait les gendarmes.

- En juillet 1905 : son frère, est également à l'armée à Châlons sur Marne, où il fait une période comme sergent réserviste, il devrait passer chef de section à la fin de ce séjour.
Louis est Caporal quand son lieutenant lui annonce qu'il va probablement passer Sergent avant la fin de l'année. En juillet, il part avec son unité au camp de Châlons sur Marne pour des manoeuvres et il exerce les fonctions de sergent. Il lui faudra attendre septembre 1906 pour coudre définitivement ses nouveaux galons. Il a encore 358 jours à faire. Le 17 juin, 1907, il est à 23 jours de la fin de son service militaire.
Par la suite il fera des périodes militaires il sera nommé Sous-Lieutenant.de réserve puis lieutenant le 22 décembre 1913. Il sera nommé officier d'académie par arrêté en date du 1er mars 1914.

Je suppose que son service militaire terminé Louis est entré aux EOB à Paris; puis il est détaché à la succursale de Constantinople , aujourd'hui Istanbul ; dans le texte, j'écris le nom de l'époque où se situent les faits relatés dans les courriers.
- Mardi 11 février 1908 : il quitte Paris et entreprend le long voyage qui va l'amené à destination. Voyage splendide jusqu'à Strasbourg où il retrouve un ami chez qui il passe la nuit. Le lendemain.
- Mercredi 12 : après avoir visité la ville et pris congé de la famille de son ami, il monte dans le même train qu'il avait quitté la veille et part de Strasbourg à 5 heures 21. Ayant dîné au wagon restaurant, il arrive à Augsburg à 11 heures 30. Un camarade l'attendait sur le quai avec sa femme. Il passera la nuit chez eux. Le lendemain.
- Jeudi 13 : ses amis lui font visiter la ville en voiture puis il repart après déjeuner, à 2 heures 20, pour arriver vers 3 heures 10 à Munich. Là, il prend une voiture et le cocher lui fait voir les principales choses de la ville qu'il trouve intéressantes. Il est allé dans une grande brasserie où il y a avait beaucoup de monde qui dégustait de la bière, debout le verre à la main. Le soir, il reprend le train à 10 heures 10 après avoir dîné,
- Vendredi 14 : arrivée à Vienne vers 7 heures du matin. En donnant un pourboire au contrôleur, il a pu rester en première où il a relativement peu dormi. Il s'est inquiété de sa malle, mais on lui a dit qu'elle allait directement à Constantinople. Ensuite, il s'est rendu à l'hôtel Métropole en voiture, et après avoir déjeuné, il s'est rendu aux EOB où il a rencontré monsieur K... qui lui a demandé des nouvelles de son père. Après un entretien de 20 minutes, il est parti visiter la ville qu'il a trouvée superbe et dont il a envoyé des cartes à la famille. Le lendemain matin,
- Samedi 15 : de nouveau dans le train et départ à 8 heures 50 pour Budapest où il arrive à 1heure 30 ayant déjeuné au wagon restaurant. Son train ne repartant qu'à 3 heures 20 il passe le temps dans un café et envoie des cartes. Il arrive à Belgrade le soir même vers 11 heures. Il a très bien dormi par terre dans le train faute de place. Depuis Vienne, il n'a pu voir le paysage à cause du brouillard, mais le lendemain
- Dimanche 16 il faisait beau. Il a traversé la Hongrie et la Serbie où les villages sont rares, tout est désert. Beau paysage, beau temps malgré de la neige sur les montagnes traversées. Passage à Sofia et Philippoli où il y avait beaucoup de monde dans les gares. Pour la nuit, étant au complet, même dans les couloirs, il doit prendre un supplément de première pour pouvoir dormir. Le train est entré en Turquie vers 10 heures du soir.
- Lundi matin 17 : il entrait en gare de Constantinople à l'heure exacte après un bon et beau voyage.

Plan du site - La Jeunesse - 1908