- L'enfance 1925 à 1941 -

Je suis né le 9 août 1925 à Grasse, aux Oliviers, route de Saint Vallier, aujourd'hui route Napoléon.
Mon Père décéde le 26 avril 1928 il sera reconnu mort pour la France.
Ma soeur Monique sera emportée par une méningite en 1930, à l'âge de 10 ans, au Mont d'or où elle avait accompagné ma mère pour une cure. J'étais resté en pension dans les environs de Grasse, sans doute à Cabris, ou à Séranon, où avec d'autres enfants comme moi nous allions aux champs avec les paysans, ou à Mougins, là, j'ai piqué une tête dans un lavoir en jouant au bateau et j'ai réussi à en sortir tout seul.
En 1931 pour se changer les idées après la disparition de Monique, nous sommes,ma mère et moi, allés à Palavas les Flots, Il y avait des cousins du côté Panto, horlogers à Montpellier, et ma mère s'est remise à la peinture, elle avait eu dans sa jeunesse comme maître Monsieur Decaris, voisin de mes grands parents à Vernouillet.
(Peintures de ma Mère.) Elle chantait et jouait du piano.

Ma scolarité s'est passée à l'école maternelle de l'école Ste. Marthe, ma soeur, qui avait 5 ans de plus allait à cette école. Nous faisions le trajet à pieds, par les traverses, depuis les Oliviers à la sortie Nord de Grasse, jusqu'à L'école qui se trouvait dans le bas de la ville aux abords de la gare. A la mort de Monique, j'avais 5 ans, je suis allé à l'institut Fénelon qui se trouvait plus bas que chez nous sur la route Napoléon .
En été, nous montions parfois chez les parents Drouet passer quelques jours dans leur maison de campagne à
l'Isle Adam.
En 1935, j'ai fait ma première communion avec ma cousine Françoise à l'église St. Ambroise à Paris, puis une seconde fois avec mes camarades à Fénelon.
Je n'avais pas ce qu'on appelle de camarades de jeux, je vivais seul avec ma mère et je jouais dans le jardin de la propriété qui me paraissait très grand, j'aimais grimper dans les arbres, et particulièrement dans un figuier dont les fruits bien murs étaient excellents. J'échangeais des pièces de Meccano avec un petit voisin à travers la clôture. Ma mère logeait un couple, Lucie et Marius, la femme travaillait pour la pension et le mari était sergent de ville à Grasse. Lucie m'aimait bien, elle faisait des daubes savoureuses.
Il y avait à peu près 1 kilomètre entre Fénelon et les oliviers et souvent je m'accrochais à un camion pour remonter à la maison. Ca roulait moins vite qu'aujourd'hui !
Souvent, avec ma mère nous allions nous promener, sur le plateau Napoléon qui domine Grasse ; d'autre fois, nous partions de la cascade sur la route Napoléon et suivions le parcours pittoresque du canal jusqu'à Magagnosque puis nous rentrions avec le car de Nice. Nous allions aussi au jardin de la princesse Pauline. Nous allions également au marché en ville, elle m'apprenait à choisir les fruits et les légumes, elle cuisinait très bien. Le dimanche nous descendions à la messe à la cathédrale et en remontant elle m'achetait une fougasse chez un boulanger de la rue droite.
En été nous allions à la plage à Cannes. L'hiver ma grand-mère Tidi qui habitait toujours Vernouillet louait un petit appartement à Cannes et nous allions passer quelques jours avec elle. Je me souviens d'une veille de Noël, où étant couché, j'ai entendu ma mère et ma grand mère parler de la disposition des cadeaux devant la cheminée. J'ai alors compris le mystère du père Noël !

En 1935, ma mère a dû quitter les Oliviers et nous avons habité un petit appartement impasse Molinard. Derrière la maison il y avait un cours de tennis et j'allais voir les joueurs qui parfois me prenaient avec eux. J'ai eu mon premier chien, un petit ratier, Boby.
Pour le premier voyage de ma mère à Paris où elle devait être opérée d'un cancer du sein, elle m'inscrivit pensionnaire au collège de Grasse. Nous n'étions pas nombreux, je devais être le plus jeune. La nourriture était bonne. Je me souviens que le dimanche midi, l'épouse du Principal faisait le repas pour ceux qui ne pouvaient pas sortir. Elle piqua une vraie colère le jour où nous ayant mitonné du lapin, les grands, très malins, parlèrent de chat.

Quand ma mère, doit de nouveau monter à Paris pour des soins je l'accompagne (les gens du sud montent à Paris, ceux du nord y descendent.) Je suis alors pensionnaire à St. Nicolas rue de Vaugirard, j'ai gardé un très mauvais souvenir de cette maison La discipline était très dure, la soupe mauvaise, sauf si les parents payaient pour des suppléments. Les bénéficiaires de ces arrangements se voyaient servir des plats de meilleurs qualité à la même table que ceux qui n'avait rien que la soupe ordinaire.Au petit déjeuner, j'avais un café au lait à la place du bouillon infâme qui était servi, ma mère ayant payé un supplément. Nous avions un prof de gym un peu fada, il nous faisait collé au mur, puis ordonnait "levez la jambe droite" et ensuite "levez la jambe gauche" sans bien entendu baisser la droite, ce qui fait que nous nous retrouvions par terre. Le soir, en montant au dortoirs, les rats nous croisaient dans les escaliers. J'étais encore en primaire, et nous avions des cours d'anglais auqels je ne comprenais rien étant arrivé en cours d'année, aussi étais-je souvent puni. J'en ai quand même retenu quelque mots les objets et mobilier de la maison. Les classes étaient sombre, et sentaient mauvais les planchers étant cirés à l'huile de lin.

Témoignages d'un internaute :
Au hasard de mes recherches sur internet j'ai trouvé votre biographie que j'ai lu en partie avec intérêt et surtout beaucoup d'èmotions. Un paragraphe très court a réveillé en moi de douloureux souvenirs. Nos chemins se sont peut-ètre croisées. En effet,j'ai été pensionnaire de l'école saint Nicolas rue de vaugirard à paris, du 2 janvier 1937 à juillet 1939.les conditions de vie que vous décrivez dans ce paragraphe sont exacts.La nourriture était infect servie dans des plats en fer étamé, le plus souvent elle était constituée de morue non désalée qui nageait dans une sauce blanche faite d'eau et de farine ou d'une sauce de couleur marron avec comme viande des tendons de muscles. Nous regardions avec envie les plats servies à l'inspecteur de division entouré des professeurs juchés sur des estrades de chaque côté du réfectoire. J'ai aussi connu la sarabande des rats la nuit dans les dortoirs qui s'aventuraient jusque sur les lits. Les dortoirs étaient éclairés en veilleuse toute la nuit,obligé de dormir sur le coté droit.Ces presques 3 années passées dans cet établissement mon profondément marqué et sont restées gravées dans ma mémoire. J'ai une foule d'anecdotes à ce sujet. J'ai en ma possession des livrets des années 1936-1937et 1937-1938 sur la rétospective des évènements avec les photos d'époques. Je suis né le 4 mai 1926 et j'habite à savigny sur orge Cordialement.
R.Gradelet


J'ai bien reçu votre message. Effectivement j'ai eu connaissance du passage de F.Mitterant a saint Nicolas, en quelles années je ne sais pas. Par l'intermédiaire du site "Les copains d'avants" j'ai tenté d'avoir des contacts avec des pensionnaires des années de mon passage, sans résultats. Lors de mon passage à saint Nicolas,j'avais comme copains un certain Lesueur dont le père était un courreur automobile de chez Bugatti et comme voisin de classe un nommé Drouillet dont le père participait comme pilote à des "meeting" aériens. Il passait sa journée à reproduire le bruit des moteurs d'avions. Malgré les punitions à répétitions impossible de le faire taire, à tel point que le prof a dut capituler et a fini par l'isoler dans un coin de la classe. Bien entendu, vous pouvez faire paraître mon témoigage je n'y vois aucun inconvénient.Bonne année 2008.Cordialement,
R.Gradelet

Au parloir, ma mère m'apportait des sandwichs au steak de cheval que je dévorais avec plaisir. Je n'y suis pas resté longtemps. Maman était en pension au Palais de la femme rue de Charonne et pouvait me prendre avec elle le soir . Elle m'a retiré de St. Nicolas et je suis allé dans une école du XIe arrondissement, à côté de St. Ambroise, dans le 11e où habitaient les parents P-A. Drouet rue de la Folie Méricourt. J'ai de nouveau respiré le bonheur.

En octobre 1937, étant à nouveau malade, ma mère me mis en pension chez les frères de Dom Bosco à Nice pour la rentrée scolaire avant de repartir à Paris se faire soigner. Je ne fichais rien en classe, je m'ennuyais, elle me manquait . J'appris sa mort par le directeur fin décembre 1937, d'une manière séche et brutale, comme savent le faire beaucoup de ces religieux qui prèchent l'amour du prochain, je n'ai pas pu pleuré. Je me retrouvai orphelin à 12 ans, avec mon oncle Alfred pour tuteur.

Je terminai l'année dans cette pension. Aux vacances, je pris le train pour Paris et mon oncle Alfred, vint me cueillir à la gare de Lyon. J'ai passé des vacances 1938 avec lui et sa famille en Normandie, et également chez ma tante Drouet à l'Isle Adam. Chez ma tante Claire à Thomery, où je suis passé au travers du toit du garage, l'oncle Charles m'a renvoyé chez l'oncle Alfred pas content du tout et j'ai dû payer la réparation .
A la rentrée scolaire d'octobre 1938, j'étais mis en pension chez les frères Maristes à Lagny, au pensionnat St. Laurent, il y avait dans ma classe un garçon de la famille Saurin, les fabricants des conserves du même nom.
N'ayant pas une réputation de bon élève, l'oncle Alfred me prit entre quatre yeux et me fit un petit discours qui porta ses fruits. A la fin du 1er trimestre, j'étais passé en tête du peloton de la classe, avant je tenais plutôt la queue, je décrochais mon CEP à la fin de l'année scolaire. Il faut dire qu'avant ma chère maman n'avait pas beaucoup le temps de s'occuper de moi, elle était très occupée avec" Les Oliviers" puis quand elle est tombée malade j'ai changé plusieurs fois d'école.

L'été 1939, j'e suis allé en vacances avec l'oncle Alfred, la tante Marie et Guite sur les bords du lac d'Annecy. Ensuite, nous devions aller à Grasse pour voir ce qu'étaient devenues mes affaires placées en garde meubles à la mort de ma Mère, mais les bruits de guerre nous firent rentrer sur Paris et en octobre 1939, je retournais en pension à Lagny, en 5 ème, L'oncle Alfred s'étant déplacé à Moulins pour son travail, je passais mes jours de sortie chez ma tante Drouet à Paris.

En mai 1940, les allemands approchant de Paris, le pensionnat nous renvoya dans nos familles. Ma tante Germaine me mis alors dans le train pour Moulins afin d'y retrouver l'oncle Alfred et sa famille. J'y ai assisté à l'arrivée des avant gardes blindées allemandes. Stoppées par une faible résistance au pont sur l'Allier, les soldats allaient visiter les boutiques et emportaient des pâtisseries et des fruits qu'ils mangeaient à pleines dents. Quelques obus furent tirés au dessus de la ville les avions ayant repéré les points de résistance et le passage fut rapidement dégagé.

Au mois d'octobre, la famille retrouvait ses pénates à Bécon les Bruyères mais mon oncle demeurait encore à Moulins pour son travail, moi, je retournais à St. Laurent en 4 ème. Le courage n'y était plus et l'envie de continuer les études ne m'emballait pas. J'aimais bien les maths et l'anglais, mais pas du tout l'allemand, sauf à l'écrire, c'est moi qui écrivais le mieux en gothique ,de la classe, mieux qu'en français. Pendant les classes de math, le prof me faisait réciter le premier et ensuite, le couvercle de mon pupitre levé, je bricolais des postes à galène pour les copains dans des boîtes à craies en bois.

Je n'ai pas oublié l'accueil que fit la direction de l'école à des soldats allemands, frères Maristes comme eux, mobilisés dans la Wehrrmacht et qui vinrent en promenade avec nous un dimanche. Je n'ai pas aimé. Ma Mère m'ayant appris ce qu'avait subit mon Père en captivité j'avais la haine du boche au coeur.

Puis j'ai commencé à faire de grosses bêtises, j'allais dévaliser le poulailler du pensionnat pour gober les oeufs et les échanger contre des boîtes de pâté avec le copain S... dont le père dirigeait une conserverie à Lagny. L'économe plus malin que moi me prit la main dans le sac et je fus renvoyé, sans grands regrets !

 

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