Jeudi 27 août 1914. 10 h du matin.
Chers parents.
Je vous ai télégraphié
hier de l'endroit où nous avons quitté le chemin
de fer; depuis nous avons fait environ 16 km. pour arriver couché
où nous sommes, lieu que je ne vous indique pas de façon
à ce que ma lettre puisse passer. Tout va bien, nous sommes
très bien reçus dans ce village et nous avons tout
ce qui nous est nécessaire. A Châlons nous avons
rencontré un officier du 46, blessé. Nous avons
vu d'autres blessés ; ils disent tous que l'artillerie
allemande n'a aucune valeur, sauf les mitrailleuses. Il paraît
que si nous avons, à un certain moment, eu quelques pertes,
ça provient surtout de l'élan trop brusque de nos
hommes qui s'exposent trop vite. Les nouvelles que nous avons
sont bonnes. J'aurais bien d'autres choses à vous dire,
très intéressantes si nous pouvions écrire,mais
je vous dirai tout cela au retour.
Nous repartons dans 2 heures pour retrouver notre régiment.
Hier après midi, pluie, mais cela ne nous gène pas
puisque nous sommes en campagne. Nous en verrons bien d'autres.
Je vous embrasse bien tous.
Louis
Je suppose que vous avez quitté Fontainebleau et j'adresse à Pouancé. Nous allons probablement voir le 31e et peut-être retrouverai-je Marcel.