- Conclusion -

- Le 1er novembre 1918 : Sa dernière évasion amène Louis Salmon à passer la frontière près d'Aix la Chapelle. Il se présente au consulat général de France à Rotterdam.

- Le 5 novembre 1918 : Il se rend en Angleterre au grand quartier général de Folkestone .
- Le 9 novembre 1918 : il rejoint la France et se présente à l'état-major de l'armée à Paris.
- Le 11 novembre 1918 : Il est dirigé sur le dépôt du 46e R.I.où il arrive le 15/11.

- Le 17 et 25 novembre 1918 :Le Lieutenant Angot écrit : Je suis aux armées sous les ordres du Cdt. Vuillemin, le grand as Modeste des bombardiers de jour. J'ai pu faire les dernier "bombings" quelle joie pour moi, mais maintenant je suis comme vous bien dégouté. Vous dire mon bonheur de voir votre réussite, je ne puis car il faut être passé par là pour vivre ces moments inoubliables. Nous allons survoler les héros qui vont entrer à Metz zt Strassbourg.
Vuillemin commande l'escadre 12 et de Goys la brigade des escadrilles 12 et 13, vous dire s'il m'a bien reçu.
Je ne sais quand je pourrai vous rencontrer pour parler des vieux chers camarades moins chanceux que nous. A Metz, j'ai vu les petites lorraines en costume régional, elles sont ravissantes.
Tout le monde était charmant en Hollande n'est ce pas ! Voici les adresses de Drouet et Forestier :
Drouet 24 rue de la Folie méricourt, ou plus tôt celle de sa soeur
Mme. Jacquet Lagrèz 6 rue du Renard.
Forestier à Brigueuil Charente.

Avez-vous vu De Goys, il descend au Grand Hôtel.

- Le 19 novembre 1918: Il part alors en permission de 30 jours .

- Le 21 novembre 1918 :
De l'Oeuvre Municipale de Secours aux prisonniers de Guerre à Lyon : Monsieur, en réponse à votre lettre du 19 courant je suis heureux de pouvoir vous donner des nouvelles du Commandant Catroux, apportés hier par des officiers malades venant directement d'Heildeberg. Le convoi d'officiers anciens prisonniers qui devait partir pour la suisse vers le 15 novembre et dont le commandant faisait partie a été retenu à Heidelberg après la signature de l'armistice. Cet évènement a aussi supprimé les internements en Suisse. Depuis ce jour, les officiers français ont vécu, paraît-il, des heures qui les ont payé de toutes leurs épreuves, ils sont devenus les maîtres du camp ; le vieux commandt Boche d'Heidelberg ayant subitement disparu avec son état major, c'est le Cdt. Catroux qui a pris la direction de la "Kommandantur" et tout marche admirablement. Le plus grand désir de tous les officiers est de revenir par Strasbourg, aussitôt que les troupes françaises auront fait leur entrée dans cette ville et que la ligne de chemin de fer sera rétablie. J'espère que cette joie leur sera donnée.
Le Colonel Millard que j'avais rencontré en Suisse au mois de mai m'avait conté tout le détail de votre évasion si bien préparée ; permettez moi de vous féliciter très sincèrement de votre réussite et recevez je vous prie Monsieur l'expression de mes sentiments les meilleurs.

Signé H.Hérriot.

PS : Je ne puis prévoir dans quelle ville de l'état se fera la reception et le triage de ce convoi d'officiers. Nancy, Eplnal, Dijon ? De toute façon je verrai le Cdt. Catroux à son arrivée en France et ne manquerai pas de lui donner de vos nouvelles.

 

- Le 28 novembre 1918:
Le Lieutenant Mounier écrit : Je m'incline avec respect devant les souffrances physiques et morales que vous avez du endurer pendant votre longue et douloureuse captivité de 46 mois en Allemagne, avec la mentalité que je connais aux Boches, je suis fondé à croire qu'ils n'ont pas dû ménager nos chers prisonniers en Allemagne où ils se sentaient les plus forts et où ils savaient d'avance que leurs criminels procédés resteraient impunis. En ce qui concerne votre visite d'un camp d'officiers allemands prisonniers de guerre, vous devriez vous adressé au Cdt. du dépôt de Montoire, qui vous donnera sans doute cette autorisation; c'est le seul dépôt d'officiers qui relève de la 5e région dont le Cdt. régional est à Orléans. Quant'à votre affectation éventuelle au sevice des prisonniers de guerre, le mieux serait que vous vous présentiez au directeur de l'Infanterie au Ministère qui vous dira avec l'avis de l'inspection générale des P.G. s'il y a une vacance et si vous pouvez avoir satisfaction. En vous renouvelant ma respectueuse admiration et en vous félicitant chaleureusement d'avoir pu vous évader après 6 tentatives infructueuses, je vous prie de recevoir, Mon Capitaine,l'assurance ...

J'ai souvent entendu parler dans la famille Drouet de ce désir de mon père d'avoir des responsabilités dans un camp d'officiers prisonniers allemands. Il n'a pas obtenu ce qu'il demandait, il n'a même pas eu l'autorisation d'en visité un à Montargis sans doute pour éviter un esclandre. Chez mon oncle Salmon on ne me parlait pas de la captivité de mon père, alors que ses archives étaient dans le grenier où je les ai trouvées à la mort de ma tante en 1973.

Le 8 décembre 1918 :

Madame E.du Pont de Romémont écrit : Merci de m'avoir donner des nouvelles de mon fils ... J'ai eu des détails sur la révolution de Magdebourg par une lettre de lui remise à Mr. Couthan. Il nous dit la joie qu'il a éprouvée en voyant les soldats arracher les épaulettes du commandant du fort, les sentinelles fuient et les prisonniers ont la liberté de circuler dans le camp. Ils sont maintemant salués jusqu'à terre par les officiers boches qui les opprimaient. Combien je vous félicite pour votre évasion. Mon fils vous enviera quand il saura votre heureuse équipée

 

- Le 22 décembre 1918 : De retour de cette permission au dépôt, il est mis à la disposition de l'état-major de l'armée section d'Afrique et d'Orient en vue de son affectation au régiment de marche de Palestine , pour être employé dans les services administratifs de Syrie-Palestine.

- Le 27 décembre 1918 : Il embarque à Marseille pour Beyrouth où il signe le reçu d'un cheval qui lui est livré

- Du 30/1 au 9/5/1919 : Il est adjoint au gouverneur d'Adana (Cilicie)

- Le 20 mai 1919 : Il débarque à Marseille rapatrié pour raison de santé et il est hospitalisé au Val de Grâce à Paris du 30 mai au 10 août 1919. Suit une convalescence chez ses parents à Champagne sur Seine .

- Le 3 octobre 1919 : il est mis en congé illimité de démobilisation par le dépôt du 46e R.I.

- Le 21 octobre 1919 : il se marie à Paris.

Malade des suites de ce qu'il à vécu en captivité , il part avec son épouse et sa fille née
en 1920, s'installer à Grasse sur conseil des médecins. Il reprend une pension de famille : "Les Oliviers". C'est là que commence ma Page Perso.

- Le 30 mars 1920 : Il sera affecté dans la réserve au grade de capitaine à titre définitif.

Affecté successivement
:
- Le 5/11/20
: au 1er R.T.A
- Le 28/3/22 : au 5e R.T.A.
- Le 21/11/22 : au 7e R.T.A.
- Le 26 février 1924 : au 24e bataillon de chasseurs à pieds.

- Le 29 juillet 1925 : il sera rayé des cadres, capitaine de réserve honoraire, pour raison de santé,

- Le 26 avril 1928 : Il décédera, déclaré "Mort pour la France". ( suivant avis en date du 3 décembre mil neuf cent quarante six, de monsieur le ministre des anciens combattants et victimes de guerre ) Il est inscrit sur le bas d'un pilier du Monument aux morts de Grasse. Acte de Décès de Louis Salmon

J'espère que vous aurez apprécié ce mémoire et que vous y aurez trouvé des informations sur une période de notre histoire qu'il ne faut pas oublier.

En annexe, le carnet de route de mon Oncle Paul-André Drouet, ancien camarade de captivité de mon Père.

- Pour rire un peu -

Lettre d'un jeune cuirassier de la garde impériale à ses parents.

Je vous écris mes chers parents
Pour vous donner de mes nouvelles,
J'suis dans un drol' de régiment,
Où l'on nous en fait voir de belles ;
Ici tout se fait à l'envers,
Et je vous assure que l'exercice,
Pour ceux qui sont pas très ouverts,
Est un véritable supplice.

Notr' chef, de Molke, est un fier preux,
Qui montre à tous, par sa prestance,
Qu'un bon inverti en vaut deux,
Comm' dit un proverbe en France ;
C'est de lui qu'on dit couramment,
Tell' ment son humeur est charmante,
Qu's'il n'est pas l'per'du régiment,
Il en est l'oncle, et même la tante.

Moi qui croyais qu'nos officiers
Vous m'naient à coups d'pied dans l'derrière,
Je suis heureux de constater
Que c'est pas comm' ça qu'ils opèrent :
Y en a mem' qui sont si dévoués
(Inutil' que je vous les nomme),
Qu'on pourrait pas les empêcher
D'consacrer leur vie à leurs hommes.

Pour vous montrer c'qu'ils sont gentils,
Dimanch' dernier, comm' de coutume,
En culott' blanch' j'étais sorie :
Ah.. Qu' est-c' que j'ai pris pour mon rhume.
Ces bougres là m'ont si fatigué,
Avec leur preuv' de bienveillance,
Que j'ai du me faire exempter
De cheval pendant plusieurs scéances.

D'ailleurs, c'est comm' ça tous les jours,
Dès qu'un jeun' soldat l'intéresse,
De Molke avec son Eulenbourg
Lui fout tout' sort' de gentillesses :
Faut accepter leurs boniments,
Si non c'est la sall' de police,
Bref, on s' fait toujours mettr' dedans
Qu'on r' fuse ou non leurs bons offices.

Les poêtes prisonniers.

 

Des questions ? un courriel, c'est dans la boîte ! 

memoire.captivite@gmail.com

- Bibliographie :

- La Lyre de Fer; Adolphe Chéron.   

- Les Revenants; Lt.Colonel Reboul.

- Les Oubliés de la Gloire; Charles Roussillon.

- Les Robinsons de la Bavière, ( Ingoldstadt-Fort 9 ); Gabriel Marul.

- Charles de Gaulle, (Le Rebelle), Jean Lacouture.

- De Gaulle, l'appel du destin; Max Gallo.

- De Gaulle Mon père ; Ph. de Gaulle.

 

Fin correspondance

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©Yves SALMON mars 2001
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